Ce colloque part d’un constat : de quoi parle-t-on lorsqu’on parle d’« écologie politique » ? Parle-t-on de développement durable ? D’après-développement, de buen vivir, d’écosocialisme, de décroissance, d’écosophie etc. ? Comment écologie et politique, politique et écologie s’articulent-elles dans cette expression à la signification des plus plastiques ? Quelle place prennent les travaux en sciences sociales tant dans les recherches en environnement que dans la discussion engagée dans le champ de l’écologie politique ?
Une vingtaine d’ateliers (lire le programme complet) répartis sur deux jours permettront de nourrir ces débats qui se dérouleront à Paris 7, site des Grands Moulins, amphithéâtre Buffon – 15 rue Hélène Brion, dans le 13ème arrondissement (S’inscrire)
Les enjeux écologistes plus actuels que jamais
Le mouvement écologiste distingue, de son côté, depuis les origines, « l’écologisme » de « l’environnementalisme », au motif que le premier cherche à modifier les causes profondes de la dégradation de la nature et plus largement du monde vécu, tandis que le second s’en tient à la protection de la nature.
Ces enjeux n’ont jamais été plus actuels, les écologistes obtiennent des scores parfois élevés aux élections (autour de 20 % tous partis confondus aux Européennes de 2009), et les questions écologiques font l’objet de tensions internationales croissantes (sommet Rio+20).
Académiquement parlant, en dépit de cette dimension politique et sociétale évidente, le champ a surtout été occupé par les sciences dites « dures » (écologie, ingénierie, etc.). A l’heure où les sciences humaines et sociales en France investissent toujours plus ces questions, mais de manière inégale, il apparaît nécessaire de faire le point pour cerner les enjeux, les problèmes et les défis à relever.
Dans une bibliothèque, l’étagère la plus fournie, en matière d’écologie politique, se nomme « développement durable ». L’économie est la discipline la plus représentée, mais on y trouve également la géographie, la sociologie, le droit, la philosophie, l’anthropologie et l’histoire.
Certes, la thématique écologique s’est construite comme une critique de la société industrielle et de ses aspects productivistes et de consommation , que la poursuite de la croissance symbolise. Mais comment aller plus loin ? La critique du capitalisme est-elle suffisante ?
On n’a jamais autant parlé d’écologie
Si, pendant des années, voire des décennies, il y a eu si peu de travaux et qu’ils ont été si peu lus, c’est parce que les auteurs qui se sont engagés à l’époque dans cette voie ont été marginalisés au motif que, pour s’intéresser à l’écologie, il fallait être écologiste, c’est-à-dire « croire » aux dangers dont les « écologistes » de l’époque disaient qu’ils menaçaient, « croire » aux « prédictions » de ces Cassandre. Nous sommes loin aujourd’hui de cette marginalisation.
On n’a jamais autant parlé d’écologie (ou d’environnement) en France et dans le monde. Les voix les plus soucieuses de correction et les moins soupçonnables de vouloir changer quoi que ce soit à l’ordre établi ont même rejoint le chœur des marginaux d’hier et ne sont pas les moins radicaux. Les rapports, articles, livres, émissions, films « écologistes » sont aujourd’hui nombreux et accessibles, mais qu’en est-il de la place de l’« écologie politique » en tant que paradigme dans le champ des études académiques ?
Si elle circule bien mieux qu’avant dans la société, la littérature écologiste reste méconnue de la très grande majorité des universitaires qui la jugent a priori bigarrée et « nébuleuse ». Les auteurs « écologistes » ne sont pas nécessairement passés par l’université et, s’il arrive qu’ils soient universitaires, ils écrivent sur l’écologie en marge de leur domaine principal de recherche.
Mobiliser la communauté universitaire des sciences humaines et sociales autour des enjeux de l’écologie politique, c’est certes travailler à lui faire comprendre la pertinence intellectuelle et politique de ce paradigme mais aussi travailler à réconcilier les universitaires avec les « intellectuels organiques » issus du mouvement écologiste, intellectuels qu’ils ne connaissent pas mais qui, eux, se sont formés en lisant parfois les mêmes auteurs que certains universitaires…
L’objectif de ce colloque sera donc d’examiner pourquoi les sciences humaines et sociales ont-elles tant de mal à intégrer la question écologique, comment l’écologie politique en tant que paradigme pourrait-elle être pensée ? En quoi consiste-t-elle ? Ces difficultés sont-elles les mêmes dans toutes les disciplines ? Comment les expliquer ? Comment les surmonter ?
3 réflexions sur « Penser l’écologie politique : un colloque les 13 et 14 janvier »